( Imprévu ) - R

- MATTHIEW TYLER -

Cheryl venait d'arriver au Luxurious Island Hotel. Le voyage avait été pompant. D'abord, elle avait passé plusieurs heures dans un avion en direction de Miami, en première classe certes, n'empêche que les braillements des bébés présents en classe éco et les chuchotements des parents pour essayer de calmer leur progéniture l'avaient sensiblement énervée. Au point que les hôtesses s'en souviendraient pendant longtemps, tellement la Blondinette s'était acharnée sur elles pour se relaxer, vainement. Evidemment, Miss Spencer aurait pu arriver d'une autre manière, en se payant un petit joujou de luxe avec l'argent de papa maman par exemple, mais pour une fois, elle avait souhaité ne pas faire les choses en grand, à son grand regret. Enfin, le calvaire était terminé, fini les pleurs des bébés, et avec ça, son visage s'était décrispé et sa sérénité avait fait son come-back. Cheryl était restée coincée à Miami quelques jours avant de prendre le bâteau pour LIH. Bâteau où elle rencontra Jewel Harisson, une jeune femme qu'elle appréciait particulièrement, mais pas parce qu'elle craquait sur son ex : Matthiew Tyler. Le voyage en bâteau fut long, la fête légèrement pénible, mais le périple prit inévitablement fin. Descendant du bâteau, la demoiselle prit alors la marche vers l'hôtel comme chacun, mis à part Matt, ses lunettes de soleil Gucci sur le nez, son sac à main à prix coûteux tenu fermement entre ses mains aux ongles fraichement manucurés. Oui, Cheryl aimait beaucoup prendre soin d'elle, et alors ?

Elle n'eut même pas le temps de demander de l'aide que déjà plusieurs grooms se pressaient autour d'elle pour prendre ses valises et les emmener jusqu'à l'entrée, arborant tous des regards ahuris et un tantinet vicieux. En même temps, on ne pouvait pas dire que Cheryl était laide, loin de là, alors cela lui semblait plutôt normal.

/ Merci. / Fit-elle dans un murmure à l'attention d'un des grooms qui balbutia en retour un léger merci avant de se retirer rapidement.

Remontant ses lunettes dans ses cheveux dorés, affichant un large sourire, parcourant le lieu de son regard bleu pacifique, elle s'avanca lentement vers l'accueil, où une femme, disons, ayant sans doute la cinquantaine, l'attendait. Celle-ci leva un regard hautain vers Cheryl. Sûrement une de ces femmes ayant bossé depuis très longtemps ici, en ayant ras la casquette de voir défiler les minettes. " Oui ? C'est pour une réservation ? "

" Oui, Cheryl Spencer, j'ai réservé une chambre. " La dame chercha pendant quelques minutes, qui semblèrent un peu trop longues au goût de la jeunette. Elle ne voulait pas s'énerver maintenant, alors qu'elle fasse vite. " Je ne vois pas votre nom sur la liste. " Marmonna la guichetière. " Et bien vérifiez, parce qu'il y est. " Rétorqua Cheryl en haussant le ton. Enfin quoi, on allait pas y passer la journée. La demoiselle observait la vieille femme chercher une fois de plus en tapotant ses doigts contre le comptoir, nerveuse.

Et s'il n'y avait que ça, encore. Attendant impatiemment ses clés, Cheryl entendit une nouvelle fois la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer en claquant. Et la personne qui venait d'entrer c'était ...

[ T'es pas obligée de faire aussi long, c'est parce que j'avais tout le voyage à raconter ]

Apparemment, Matthiew avait une nouvelle fois décidé de n'en faire qu'à sa tête, vu l'affollement d'une certaine employée et le soulagement des autres lorsqu'il entra dans la pièce. Cheryl, quant à elle, n'était pas soulagée du tout. Pour tout dire, elle ne lui avait pas vraiment parlé sur le bâteau, c'était limite si elle l'avait évité, même. Et bien oui, ils s'étaient quittés en d'assez mauvais termes. Après tout, n'était-ce pas lui qui avait trouvé leur relation ... Comment déjà ? Ah oui : pompeuse. C'était le mot qu'il avait employé pour définir leur couple, pompeux. Et pour tout avouer, Cheryl avait été plutôt blessée, sans trop le montrer. " Tiens donc, quelle coïncidence Matthiew. " Répondit-elle d'un ton nerveux, ses doux yeux bleus fixés sur le comptoir, ne voulant pas croiser le regard du jeune homme. Si seulement elle n'était pas seule, là, avec lui. Parce que ce n'était pas les grooms coincés et les employées modèles totalement fans du Brun qui allaient l'épauler. Et en plus, l'appeler beauté ne lui faisait ni chaud ni froid. " Bon, vous allez me le trouver, ce fichu nom ? " Clâma-t-elle à l'attention de la guichetière, tappant violemment du poing. La jolie blonde était connue pour ses crises d'hystérie. C'était d'ailleurs pour ça que Madyson Owen la considérait si bien comme ... Une nympho doublée d'une skyso. " Ca vient, ça vient. " Répétait sans cesse son interlocutrice. Un quart de seconde plus tard, celle-ci s'exclama : " Ah, ça y est, Cheryl Spencer. Votre chambre est presque prête. Veuillez patienter ici. "

Bah, évidemment, où voulait-elle que Cheryl patiente ? Et voilà, les erreurs s'enchaînaient. Quand c'était pas son nom, c'était sa chambre qu'était pas prête. Et après, ce serait les clefs qui seraient introuvables ? Bon sang de bonsoir, à peine arrivée que c'était déjà des vacances abominables. Pour une personne normalement constituée, erreurs ou pas, ça aurait été le paradis. Or, Demoiselle Spencer n'était pas une personne normale. C'était une petite bourge pourrie gâtée qui voulait toujours que tout soit parfait, extrêmement exigeante. Et ici, rien n'était parfait, donc c'était nul. " J'te laisse la place ... Monsieur Tyler. " Reprit-elle en insistant sur ces deux derniers mots, ajoutant à ces quelques paroles un sourire forcé, qui paraissait pourtant naturel. Si Matt ne devinait pas qu'elle lui en voulait, c'était vraiment qu'il fermait les yeux. La Blonde se décala, faisant glisser sa main sur la comptoir, et alla s'asseoir sur un canapé design qui constituait en quelques sortes la ' salle d'attente'. Ils avaient même pensé à la table basse avec les magazines people. Cheryl en attrapa un. En couverture, il y avait Matthiew, bien évidemment, et un article lui était consacré. Agacée, elle remis le journal en place et observa discrètement son ex.

Il était beau quand même : grand, brun, musclé. Cheryl se surprit même à regretter les bons moments où elle était dans ses bras ...

[ Mais non c'est très bien ]

Oh oui pour l'avoir évité ça Cheryl l'avait fait, et avait d'ailleurs brillament réussi. La seule fois où tous deux avaient failli ne serait-ce que se croiser fut lorsqu'il invita son ami Jewel à danser. Cependant, elle ne pensait pas que c'était pour se rapprocher d'elle, non, mais surtout parce qu'il voulait la rendre jalouse. Et sur ce point là, ça avait marché. Pourtant, la dernière phrase du jeune homme la frappa de plein fouet. Ca lui faisait plaisir de la revoir ? Comment ça ? Elle qui était persuadée que Matt était un homme rentrant dans la catégorie des machos qui laissait tomber les filles et qui n'y repensait jamais plus ... Elle s'était sûrement trompée. Et puis ce sourire ... Alors que sa voix grave qui lui provoquaient auparavant tant de frissons s'évanouissait paisiblement dans la pièce, la vieille femme qui les observait d'un oeil crédule reçut un coup de téléphone. La chambre de Miss Spencer était prête. / C'est pas trop tôt. / Marmonna la jeune fille. Se levant de son siège d'un bond, elle s'avança gracieusement vers le comptoir pour prendre son numéro de chambre et ses clefs. Heureusement pour elle, celles-ci n'étaient pas égarées. Les grooms se pressaient à présent pour porter ses valises jusqu'à l'étage, et elle rattrapa à toute vitesse l'ascenseur où Matthiew venait de monter, posant sa main sur la porte blindée juste avant qu'elle ne se referme. Les grooms se débrouillaient comme ils pouvait pour prendre toutes les valises que la demoiselle avait emportées. Oui, elle avait pris énormément de choses. Trop peut-être, mais qu'importe.

Les portes se refermèrent lentement sur une scène plutôt comique. Un des employés venait de faire un magnifique vol plané par dessus la plus grosse de ses valises. Alors que l'ascensceur commencait à monter, tout doucement, et que Cheryl jettait des coups d'oeils furtifs à Matt, sans cesse, hésitant, elle se décida enfin à dire, d'une voix douce et profondément sincère. " Je ... Moi aussi je suis contente de te revoir, Matt. " Et ce n'était que trop vrai. La Blonde avait longtemps espéré le revoir, jusqu'à ce qu'elle l'apercoive sur le bâteau, et que la panique l'envahisse, la poussant alors à le fuir. " Et ... Je m'ennuie déjà. " Reprit-elle avec un sourire chaleureux, observant le Brun d'un regard inquisiteur. Elle faisait bien évidemment allusion à la dernière phrase du chanteur. ' Viens me voir si tu t'ennuies '. Et bien voilà, elle venait le voir. Enfin, pas exactement, elle montait dans un ascenseur où il se trouvait également pour gagner sa chambre, mais c'était du pareil au même. Puis la jeune demoiselle, qui venait d'avoir dix-huit ans, se tut. On entendait seulement le bruit de la machine montant peu à peu.

Je sais ce que vous allez penser : deux jeunes gens dans un ascenseur, regagnant leurs chambres ... Non mais oh, pas de ça ici, voyons.

[ Niah, pas grave. J'fais plus court pour que ça avance plus vite =p ]

Alors c'est pour ça que les grooms avaient tous eu l'air dépités et soulagés de voir Matthiew arriver dans le hall, parce qu'il avait passé tout son aprés-midi en ville, à flâner et vaguabonder à la recherche d'endroits où se poser. Enfin bon, on ne refait pas un Matthiew Tyler. L'ascenseur paraissait être plus lent que jamais et son ascension ne semblait pas se terminer. Il commencait vraiment à faire chaud dans cette cage de métal, et la demoiselle s'éventa à l'aide de sa main, ce qui ne servit en somme pas à grand chose. Mais qu'importe, ils finiraient bien par sortir de là et regagner l'air libre, enfin, l'air du couloir de l'hôtel. Le Brun proposait, il fallait bien le croire, à Miss Spencer de sortir, quelque part, sur l'île. Ca n'était pas de refus. Non, elle n'avait rien de prévu ... Mais à présent, ça n'était plus pareil, n'est-ce pas ? " ... D'accord. " Répondit-elle en haussant légèrement ses épaules dénudées, après un moment d'hésitation. Car Cheryl était une fille plutôt indécise dans la vie, et elle n'était pas convaincue que sortir en rendez-vous, car ne nions pas, c'en était un, avec Matt, une fois de plus, était une bonne idée.

Mais qui ne tente rien n'a rien, alors pourquoi pas lui donner une seconde chance. C'est vrai, où est le mal. Voilà. Il n'y en avait pas, le problème était réglé. " Et où tu comptes m'emmener comme ça, beau brun ? " Retéorqua-t-elle d'une voix mutine, d'humeur joueuse. C'étaient sûrement un mot de trop, mais lui l'avait bien appelée ' Beauté ' tout à l'heure alors, faisons de même.

Une boîte de nuit ou un bar à thème hawaïen. Le choix n'était pas large, mais Cheryl avait une préférence pour le bar. Non pas qu'elle adore les bars, mais elle en avait simplement assez des boîtes de nuit. Ces boîtes de nuits où l'on trouvait toujours le même type de personnes : des pimbêches, des dragueuses, des crooners et des célébrités, ces boîtes où on trouvait les mêmes serveurs et surtout, le pire, les mêmes chansons. Alors non, très peu pour elle, pas cette fois en tout cas. Tandis qu'elle réfléchissait intensément, son regard bleu azur fixé sur le sol de l'ascenseur, démontrant sa réflexion profonde, la machine fit un ' Ding ' sonore, la tirant de sa rêverie. Les portes s'ouvraient enfin, ça faisait facilement cinq minutes qu'ils patientaient ici, et Cheryl, pourrie gâtée jusqu'au bout des doigts, étaient presque prête à clamer le mauvais service de l'hôtel. Mais elle n'en fit rien. Elle sortit lentement, et se retourna brusquement. " Rendez-vous au bar, alors. " Dit-elle avec un large sourire étincelant et magnifique, ne remarquant qu'à cet instant précis que Matt avec l'air pensif. Pensif ou soucieux. De quoi pouvait-il s'inquiéter ? Curieuse comme jamais, Cheryl n'osa pourtant rien demander. Elle fit un léger signe de la main à son interlocuteur, le coeur étrangement serré d'avoir à quitter sa compagnie. Etait-ce le signe de quelque chose ? Qui sait.

Sa silhouette fine et gracieuse s'effaca dans l'entre de la porte, et la jeune demoiselle avancait avec détermination vers sa chambre, sortant ses clefs d'un revers de main. Elle ouvrit la porte marquée d'un numéro 109 : ses valises était là. Le service n'était pas si effroyable, alors. Et la chambre était plutôt jolie. Les vacances ne démarraient pas si mal, finalement.

[ Tu peux faire le sujet au bar après ? ]